Regard sur les Etats-Unis

mercredi 27 janvier 2010

Midterm 2010 : les élections de tous les dangers pour les démocrates


Le 2 novembre 2010 se dérouleront les élections de mi-mandat (Midterm). Ce scrutin permettra aux électeurs américains de renouveler la totalité de la Chambre des représentants (Chambre basse du Congrès), un tiers du Sénat, 36 gouverneurs et plusieurs législatures d’Etats fédérés. 

Généralement, ces élections constituent une occasion pour les électeurs de pouvoir donner leur avis sur la politique menée par le président au pouvoir.

La plupart du temps, le parti au pouvoir perd ce scrutin au profit de l’opposition. Au cours des 17 dernières élections de mi-mandat, celui-ci a perdu en moyenne près de 28 sièges à la Chambre des représentants et 4 sièges au Sénat.
Les démocrates parviendront-ils à inverser cette tendance ? Rien n’est moins sûr. A quelques mois de ce scrutin crucial, l’heure n’est pas à l’optimisme.

La situation économique et sociale du pays s’est fortement dégradée depuis le début de la crise. Le taux de chômage est au plus haut (près de 10% de la population est sans emploi) et la côte de popularité de Barack Obama est passée en dessous de la barre des 50% d’opinions favorables. La défaite des démocrates lors de l’élection sénatoriale du Massachussetts illustre parfaitement la désaffection d’une partie de la population américaine envers les réformes programmées par l’actuelle administration.

Pour les démocrates, la tâche s’annonce donc particulièrement rude. L’objectif est d’éviter à tout prix de se retrouver dans la même situation qu’en 1994 : Bill Clinton avait alors perdu les élections de mi-mandat ce qui l’avait contraint a poursuivre son mandat en subissant l’opposition massive du Congrès.

Deux chantiers, et pas des moindres, attendront Barack Obama dans les prochaines semaines :

Premier chantier : mener à bien son projet de réforme du système de santé. Après avoir été validé en première lecture par la Chambre des représentants puis par le Sénat, les parlementaires doivent désormais s’accorder sur un projet commun de manière à ce que la réforme soit définitivement adoptée. Pourtant, depuis la victoire du républicain Scott Brown dans le Massachussetts, les démocrates ont perdu leur majorité qualifiée au Sénat. Les républicains vont donc pouvoir tenter de retarder, voire empêcher l’adoption du projet de réforme. En effet, l’opposition va désormais pouvoir organiser des manœuvres de filibustering : tactiques d’obstruction destinées à retarder l’adoption d’un texte.

Quels sont les choix qui s’ouvrent aux démocrates ? Soit la Chambre des représentants se prononce en faveur de la version du projet adoptée par les sénateurs, soit elle décide de voter en faveur de sa propre version (le texte passerait alors par une procédure de vote à la majorité simple au Sénat) ce qui risque de considérablement retarder l’adoption de la réforme. La dernière option consiste en l’abandon des versions actuelles pour se concentrer sur l’élaboration d’une nouvelle version, moins ambitieuse, mais bipartisane.

Deuxième chantier : poursuivre la réforme de la réglementation bancaire et financière. Sur ce point, Barack Obama compte plusieurs succès relatifs à son actif : il est parvenu à éviter l’effondrement du système financier et à ramener la confiance sur les marchés financiers. Le problème est que les grands établissements financiers ont déjà repris leurs pratiques d’avant crise : rémunération excessives, dérives spéculatives… Le président a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait très prochainement s’attaquer à ces dérives.

Il y a quelques jours, Barack Obama a dévoilé son intention d’instaurer une « taxe de responsabilité dans la crise financière ». Ce projet est destiné à permettre à Washington de récupérer l’intégralité des sommes publiques accordées aux banques au plus fort de la crise. Selon les premières estimations, ces mesures pourraient concerner près de 35 établissements américains (ainsi qu’une quinzaine de filiales étrangères) et devraient rapporter près de 90 milliards de dollars en 10 ans.