Regard sur les Etats-Unis

mercredi 8 décembre 2010

Les démocrates peuvent-ils rebondir ?

Le nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner.
A la suite des élections de mi-mandat, l’horizon de l’administration Obama s’est brusquement obscurci. Avant le 2 novembre 2010, le parti démocrate pouvait compter sur une double majorité au sein des deux chambres du Congrès. Depuis cette date, les républicains sont à nouveau à la tête de la Chambre des Représentants et ont remporté de précieux sièges au Sénat. La situation politique s’est donc pour le moins compliquée pour l’actuel président. Les cartes de l’échiquier politique ont bien été rebattues.  

Reste à présent à répondre à plusieurs questions. Quelles seront les conséquences des résultats de cette élection ? L’administration Obama pourra t-elle continuer à réformer le pays ? Risque-t-on d’assister à deux prochaines années d’immobilisme politique ? Quelle incidence cette élection aura-t-elle sur la future élection présidentielle ?

Le camp de Barack Obama a subi une très sérieuse défaite. Ces résultats ne constituent pas en soi une véritable surprise et ont été très largement anticipés par les analystes politiques. Les partisans du parti démocrate estiment avoir évité le pire : la perte de la majorité au Sénat et la victoire de certains membres éminents du parti (en Californie, Virginie occidentale et au Nevada notamment) ; ceux du parti républicain se prévalent à l’inverse d’avoir remporté une victoire historique.

Pour relativiser ce revers électoral, il convient tout d’abord de rappeler que les élections de mi-mandat réussissent rarement au président en exercice. Selon les évaluations calculées par les politologues américains, la moyenne des sièges perdus par le parti présidentiel s’élève à 28 à la Chambre des Représentants contre 4 pour le Sénat. Néanmoins ces chiffres permettent de mesurer l’étendue de la défaite subie par les démocrates lors de cette élection.

Premier enseignement de ce scrutin : le mouvement du Tea Party prend de l’ampleur. Son influence n’a d’ailleurs jamais cessé de se renforcer ces derniers mois sur le parti républicain. Ce mouvement contestataire populaire est né suite à la crise financière de 2008. L’une de ses principales revendications est la critique du plan de relance fédéral au système financier. Mais depuis sa création, le mouvement s’oppose également farouchement à deux autres réformes engagées par l’actuelle administration : la loi sur l’énergie et celle sur la réforme du système de santé. Sur ce dernier point, les républicains sont d’ailleurs déterminés à la rendre inapplicable. N’ayant pas obtenu pas la majorité au Sénat (ce qui leur aurait permis d’utiliser la procédure dite du « repeal ») les républicains vont pouvoir néanmoins compter sur l’appui de leurs 29 gouverneurs. Ces derniers vont ainsi pouvoir refuser d’accorder les crédits nécessaires en vue de l’application de cette réforme.

Les causes de ce revers électoral son connues : Barack Obama n’a pas su à nouveau convaincre ses électeurs qui lui avaient accordé leur confiance en 2008. La raison principale de cet échec est son incapacité à relancer l’économie américaine. Le pays a du mal à repartir suite à la crise financière, le chômage est particulièrement préoccupant et les électeurs américains ont sanctionné son manque de pragmatisme.

Les conséquences des élections de mi-mandat risquent d’être importantes pour les démocrates. Leur agenda va s’en trouver profondément ralenti, bouleversé voire totalement bloqué. Trois réformes qui devaient être menées sont ainsi particulièrement menacées : celle de la fiscalité, de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’immigration.

Quelle conclusion peut être tirée par les démocrates de cette élection ?

Une chose est sûre, les deux prochaines années seront rudes pour Barack Obama et l’ensemble du parti démocrate. Après avoir subi l’une des plus grosses défaites de leur histoire à des élections de mi-mandat, les démocrates vont devoir travailler sur des problématiques plus consensuelles de manière à tenter de rallier certains républicains.

Pour autant, la nouvelle majorité à la Chambre des Représentants semble grandement compromettre les chances de faire passer toute nouvelle réforme d’envergure d’ici la prochaine élection présidentielle.

Mais en remportant la Chambre basse du Congrès, les républicains ont également hérité d’une pression supplémentaire. En effet, dans deux ans, les électeurs tiendront certainement compte des résultats obtenus par les parlementaires républicains pour relancer l’économie américaine. Nul doute que si ces derniers ne parviennent pas à obtenir des résultats concrets et visibles, ils s’exposeront à la même sanction électorale que le parti démocrate lors des midterms… Autre élément fondamental de la prochaine élection présidentielle : l’électorat centriste. Celui-ci pourrait être quelque peu rebuté à l’idée de voter pour un candidat soutenu par le Tea Party.

Ancienne composition du Congrès avant le 2 novembre 2010 :

Chambre des Représentants :
Démocrates : 256
Républicains : 179

Sénat :
Démocrates : 57
Républicains : 41

Composition actuelle du Congrès suite aux élections de mi-mandat :

Chambre des Représentants :
Démocrates : 191 (-65)
Républicains : 242 (+63)

Sénat :
Démocrates : 51 (-6)
Républicains : 46 (+5)