Regard sur les Etats-Unis

mercredi 13 juillet 2011

Réflexions sur la possibilité d’une victoire républicaine en 2012

Mitt Romney (Photo de Eric Draper/CPAC 2011)


A plus d’un an des élections présidentielles, il est temps d’évaluer les chances du parti républicain de l’emporter. Pour ce faire, il s’avère nécessaire de faire le point sur les candidats déclarés aux primaires et ceux qui hésitent encore à se lancer.

LES CANDIDATS AUX PRIMAIRES REPUBLICAINES

En date du 13 juillet 2011, dix candidats se sont officiellement déclarés :
- Michele Bachmann,
- Herman Cain,
- Newt Gingrich,
- Jon Huntsman,
- Gary E. Johnson,
- Thaddeus McCotter,
- Ron Paul,
- Tim Pawlenty,
- Mitt Romney et,
- Rick Santorum.

Deux autres personnalités hésitent à se lancer mais pourraient très prochainement annoncer leur candidature :
- Sarah Palin et,
- Rick Perry.

En revanche, les personnalités suivantes ont publiquement déclaré ne pas vouloir se porter candidat :
- Harley Barbour,
- Mitch Daniels,
- Mike Huckabee et,
- Donald Trump.

Le premier constat à tirer de cette liste exhaustive est que la plupart des candidats déclarés sont assez peu connus sur la scène politique nationale. Beaucoup d’entre eux exercent des responsabilités locales mais participent peu à la politique nationale. Toutefois ce constat se doit d’être nuancé. Certains candidats parmi ceux qui se sont déclarés commencent à se démarquer de leurs adversaires.

Depuis quelques mois, l’un d’entre eux se présente comme le candidat naturel du parti : il s’agit de Mitt Romney. Selon un sondage Fox News réalisé entre le 26 et le 28 juin 2011, Mitt Romney arriverait en tête des intentions de votes à la primaire républicaine (avec 18% des suffrages) suivit de Rick Perry (13%), qui ne s’est pourtant pas déclaré, puis de Michele Bachmann (11%), Sarah Palin (8%), Ron Paul (7%) et Herman Cain (5%).

En tout état de cause, le candidat désigné devra opter pour une stratégie offensive pour l’emporter en 2012. Etudions à présent les opportunités ouvertes aux républicains ainsi que les thèmes de campagne les plus vraisemblables.

LE SCENARIO REDOUTE PAR LES DEMOCRATES

Il est inutile de préciser qu’en tant que président actuel en exercice, Barack Obama dispose de sérieux avantages pour se faire réélire : le parti démocrate est derrière lui et il dispose toujours d’une forte capacité à inspirer ses électeurs. Le président est toujours assez populaire dans l’opinion publique américaine.

Pourtant les stratèges démocrates se méfient des prochaines échéances et l’élection présidentielle est encore loin d’être gagnée.

En effet, bien que l’histoire nous ait appris que les présidents en exercice avaient de grandes chances de se faire réélire, Barack Obama et ses équipes doivent avoir à l’esprit la défaite de George H. W. Bush en novembre 1992. A l’époque, le seuil de popularité du président s’était rapidement effondré alors qu’il se trouvait très élevé suite à son intervention dans le Golfe.

Les américains lui avaient alors reproché d’avoir négligé les problématiques de politique intérieure telles que l’économie et l’emploi. En 1992, le taux de chômage atteignait près de 7,8% de la population active (soit un niveau record depuis 1984). La division de l’électorat conservateur avait également contribué à la défaite du président sortant puisque le candidat indépendant Ross Perot avait bénéficié du report de voix de nombreux républicains (en remportant 19% des suffrages). Bill Clinton n’avait alors récolté que 43% des votes.

UN BILAN ECONOMIQUE DECEVANT

Les démocrates redoutent que ce scénario se répète. Le contexte économique actuel ne devrait pas les rassurer.

Le taux de chômage en juin 2011 atteint 9,2% de la population active (soit 14,1 millions de chômeurs). Ce taux a pratiquement doublé depuis 2007 et le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 545.000 demandeurs d’emploi depuis mars. Plus grave encore, les Etats-Unis n'auraient créé que 9,2 millions d'emplois entre 2000 et 2007, soit moins de la moitié du rythme des précédentes décennies.

Plus précisément, la hausse actuelle du chômage s’explique par les destructions de postes dans le secteur public (39.000 emplois ont été supprimés au mois de juin). Le secteur privé, quant à lui, demeure frileux : 57.000 emplois auraient été créés en juin. Selon un rapport publié par le cabinet McKinsey, il faudrait neuf ans à l'économie américaine pour espérer renouer avec le plein emploi (soit un taux de chômage aux alentours de 5%). Il faudrait pour y parvenir générer 21 millions d'emplois nets d'ici à 2020 (ce chiffre étant à rapprocher des 7 millions d'emplois détruits depuis le début de la récession).

Les enquêtes d’opinion le soulignent : les américains sont inquiets et non satisfaits de l’administration Obama. Un sondage publié par l’institut Rasmussen réalisé entre les 7 et 10 juillet 2011 indique que près de 52% des américains désapprouvent la politique de l’actuelle administration (contre 47% d’opinions favorables).

Plus inquiétant encore pour les démocrates, les électeurs les plus remontés contre l’actuel président semblent être originaires de certains Etats clés de la future campagne présidentielle tels que : la Floride, le Michigan ou encore l’Ohio.

Les américains sont d’autant plus remontés que Barack Obama a engagé des dépenses publiques colossales pour renflouer des pans entiers de l’économie en affectant quelques 800 milliards de dollars au plan de relance et en procédant au sauvetage des constructeurs automobiles General Motors et Chrysler.

UN DEFICIT BUDGETAIRE INQUIETANT

Seconde problématique à résoudre pour Barack Obama : la réduction du déficit budgétaire. Celui-ci atteint désormais près de 10,9% du PIB. La Maison Blanche prévoit pour l’exercice 2011 un budget de 3.729 milliards de dollars, avec un déficit de 1.645 milliards, commencé début octobre, puis 1.101 milliards pour l'exercice 2012.

Durant la prochaine décennie, Barack Obama s’est engagé à réduire le déficit budgétaire de 1.100 milliards de dollars. Pour y parvenir, l’administration table sur une hausse des recettes adossée à une reprise économique mais également sur la suppression de douze niches fiscales notamment concernant les entreprises spécialisées dans les matières fossiles (telles le pétrole, le gaz et le charbon), qui doit permettre de dégager 46 milliards de dollars sur dix ans.

DES OPPORTUNITES POLITIQUES A SAISIR

Dans ce contexte, les républicains devraient se réjouir: Barack Obama n’est plus imbattable en 2012. Mais pour parvenir à l’emporter, la droite américaine ne pourra se contenter de critiquer la politique gouvernementale actuelle, elle devra non seulement proposer une candidature crédible mais également se baser sur un programme réaliste.

En ce qui concerne les candidats, trois d’entre eux présentent un profil intéressant. Il s’agit de Jon Hunstman, Tim Pawlenty et Mitt Romney. Leur point commun : ils ont tous occupé le poste de gouverneur d’Etats stratégiques :

Jon Hunstman fut gouverneur de l’Etat de l’Utah de 2005 à 2009. Ce proche de John McCain fut nommé ambassadeur des Etats-Unis par Barack Obama en 2009, mais il démissionna fin janvier 2011 pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle.

Tim Pawlenty, quant à lui, a exercé les fonctions de gouverneur de l’Etat du Minnesota de 2003 à 2011. Ce chrétien évangélique est connu pour sa stricte gestion budgétaire qui lui a permis de diminuer le déficit budgétaire de son Etat.

Enfin, Mitt Romney fut le gouverneur de l’Etat du Massachussetts de 2003 à 2007. Homme d’affaire influent, Mitt Romney s’était notamment fait connaître lors de l’élection présidentielle de 2008 comme le principal opposant à John McCain.

Mais quelles que soient les qualités personnelles de ces trois candidats, aucun d’entre eux ne pourra l’emporter sans apporter des réponses claires et crédibles aux problèmes économiques rencontrés par les américains.

LES THEMES DE LA CAMPAGNE DE 2012

Deux grands chantiers seront à traiter en priorité par le futur président : la réduction du déficit budgétaire et la réduction du chômage par la relance de l’économie. Une équation difficile à résoudre et auxquels les républicains quels que soient leur profil et leur orientation devront s’y atteler.

La clé de la victoire repose sur un programme politique clair orienté vers une réduction du déficit budgétaire à moyen terme associé à une relance de l’économie à très court terme. Des réformes structurelles seront ainsi nécessaires pour relancer la croissance et l’emploi.

En ce qui concerne l’emploi, plusieurs pistes pourront être explorées : la réduction de la pression fiscale sur les employeurs, les programmes de réinsertion professionnelle soutenus par le secteur privé et une réforme de l’immigration.

Le problème du déficit budgétaire sera certainement le plus difficile à gérer. Les réductions d’impôts ne pourront pas se faire au détriment de l’équilibre des finances publiques et des solutions innovantes devront être envisagées. Une fois encore, la solution pourrait résider en un arbitrage plus minutieux des dépenses publiques.

Les dépenses d’investissements dans le domaine de l’éducation, de l’énergie, de la recherche publique et des transports seront nécessaires alors que certains postes tels que celui de la Défense pourraient être réduits. Une rationalisation des programmes fédéraux de protection sociale pourrait également permettre d’aboutir à un compromis acceptable.

L’ensemble de ces considérations devra être pris en compte par le candidat républicain à l’élection présidentielle, mais ces thèmes de campagne pourraient permettre à un candidat de se démarquer dès les primaires. Le débat public n’en serait qu’enrichi et les chances du parti républicain n’en seraient qu’accrues.

Un exemple de clip du parti républicain illustrant l'orientation donnée à la campagne :



vendredi 1 juillet 2011

Michelle Bachmann (Parti républicain/Tea Party)



Dans la perspective de l’élection présidentielle américaine de 2012, Regard sur les Etats-Unis vous présente les candidats les plus en vue de la campagne. Aujourd’hui, nous nous intéressons à Michelle Bachmann, candidate ultraconservatrice aux primaires républicaines.

Michelle Bachmann, 55 ans, est une ancienne avocate fiscaliste devenue sénatrice du Minnesota en 2001. Depuis 2006, elle est élue à la chambre des représentants et a fondé le premier groupe de parlementaires du Tea Party au Congrès (elle est actuellement présidente de ce groupe à la Chambre des représentants).

Lors d’un débat présidentiel tenu dans le New Hampshire et diffusé sur CNN le 13 juin 2011, elle a annoncé sa candidature aux primaires du parti républicain. Michelle Bachmann a ensuite officiellement lancé sa campagne dans sa ville natale de Waterloo, Iowa. Cette décision n’est bien entendue pas anodine lorsque l’on sait que l’Iowa constitue le premier test électoral de la campagne et peut donner une nette impulsion à sa candidature. 

Extrait de son annonce de candidature :


Michelle Bachmann est à ce jour la seule femme à briguer l’investiture du parti républicain, puisque sa principale potentielle concurrente, Sarah Palin, ne s’est pas déclarée.

Débutant à peine sa campagne, la nouvelle égérie du Tea Party a choisi de ne pas s’attaquer frontalement à ses adversaires républicains en préférant axer ses critiques sur le bilan de l’administration Obama. Fidèle à son tempérament bien trempé, son début de campagne prend un accent pour le moins populiste.

Au niveau de ses convictions, Michelle Bachmann se revendique de la branche la plus conservatrice de la droite américaine. Opposée à l’avortement et au mariage homosexuel, cette mère de cinq enfants a su s’attirer la sympathie de beaucoup d’évangélistes. Ses premières promesses de campagne prônent la réduction du déficit, la diminution du rôle de l’Etat et de l’imposition des entreprises, et surtout l’abrogation de la réforme du système de santé portée par le président Obama.

Consciente d’avoir pris ses concurrents de vitesse, Michelle Bachmann s’est lancée dans une visite éclair de trois Etats clés de sa future campagne : l’Iowa, le New Hampshire et la Caroline du Nord.

Reste à savoir si ses positions radicales et son orientation politique très conservatrice ne vont pas constituer un trop gros handicap pour briguer l’investiture du parti. Car en dépit d’une popularité grandissante au sein des rangs des partisans du Tea Party, l’électorat indépendant et les républicains les plus modérés pourraient s’écarter d’une telle candidature.

Dans le passé pourtant, des candidats ultra-conservateurs sont parvenus à figurer sur le ticket du parti républicain à l’élection présidentielle. Mais les primaires républicaines ne sont qu’une étape et cette ascension fulgurante devra se confirmer sur le plan national.

Pour en savoir plus :
Le site officiel de campagne de Michelle Bachmann : http://www.michelebachmann.com/
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