Regard sur les Etats-Unis

samedi 27 septembre 2008

L’analyse du premier débat télévisé entre Obama et McCain : un affrontement tendu mais décevant


On attendait avec impatience ce premier débat télévisé entre les deux prétendants à la Maison Blanche. Cette fois-ci c’est fait : les deux adversaires étaient présents sur le campus de l’Université d’Oxford, dans le Mississippi. Le thème principal du débat était celui de la politique étrangère et de la sécurité nationale. Pourtant, crise financière oblige, Barack Obama et John McCain se sont d’abord affronté sur celui de l’économie.
C’est d’ailleurs sur ce premier thème que les candidats ont commencé à s’opposer. Après plusieurs échanges timides entre les deux candidats, la première véritable ligne de discorde entre les deux prétendants fut celle de la politique fiscale. En ces temps d’incertitudes économiques, John McCain a souligné qu’il souhaitait davantage diminuer les prélèvements fiscaux alors que son rival souhaitait les augmenter. Tout en justifiant son programme économique, en précisant que ces augmentations d’impôts étaient destinées aux familles les plus aisées, Barack Obama a une nouvelle fois associé John McCain à la politique du Président sortant : la crise est liée à une politique de dérégulation soutenue par John McCain.
Sur les questions économiques, les deux prétendants à la Maison Blanche ont reconnu que la crise financière affectera leur campagne. En ce qui concerne le thème de l’économie, préoccupation majeure de la population américaine, Barack Obama semble avoir pris le dessus.

En revanche, en matière de politique étrangère, il semblerait que John McCain s’en soit un peu mieux sorti que son adversaire. Adoptant une ligne claire, que certains qualifieront de simpliste, John McCain est apparu plus à l’aise que son adversaire concernant ces questions relatives aux relations internationales. Comme on pouvait le pressentir, le sujet d’affrontement le plus virulent fut celui de la stratégie américaine en Irak. Sur ce point, les positions des deux prétendants s’opposent frontalement, l’un ayant prôné l’invasion et le renfort des troupes, alors que l’autre s’y oppose depuis l’origine. Pour Obama, l’invasion de l’Irak était une erreur dès le début de la guerre. Cependant, celui-ci reconnait tout de même que la situation s’est améliorée depuis plusieurs mois. En revanche, il rappelle que selon lui l’objectif principal doit demeurer l’Afghanistan. John McCain, quant à lui demeure sceptique quant aux affirmations de son adversaire. Selon lui, les Etats-Unis sont entrain de gagner la guerre en Irak et que le résultat se voit sur le terrain.
Pour ce qui est de l’Iran, John McCain considère que Barack Obama est quelqu’un de « naïf » lorsqu’il affirme vouloir rencontrer un Président qui souhaite railler de la carte un pays allié des Etats-Unis (en l’occurrence Israël). Barack Obama, quant à lui a rappelé qu’il souhaitait adopter une position ferme face à l’Iran mais qu’il estimait que s’entretenir avec M. Ahmadinejad pouvait contribuer à la sécurité des Etats-Unis.

En ce qui concerne le sujet sensible de la Russie, les deux adversaires ne se sont pas affrontés et préconisent le même programme : ils condamnent fermement l’intervention militaire russe en Géorgie, prônent une intégration de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’OTAN et souhaitent éviter un retour à la guerre froide.
Première observation à l’issue de ce premier débat : il n’y a pas eu de surprise. Les deux candidats sont restés ferme et campent sur leurs positions respectives. Ce débat n’aura donc apporté aucune précision sur leurs programmes respectifs. Ces derniers étaient déjà connus depuis plusieurs mois. Sur la forme, chacun des deux camps revendique la victoire. Une chose est certaine, malgré un léger avantage de Barack Obama sur les questions économiques, et de John McCain sur les problématiques de politique étrangère, la plupart des analystes s’accordent à dire qu’aucun des deux candidats n’a véritablement remporté ce premier débat. Plutôt mitigés, les observateurs sont restés sur leur faim. Reste à étudier les prochains sondages de manière à constater, ou non, une évolution de l’opinion publique américaine.

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