Regard sur les Etats-Unis

samedi 17 mai 2008

Les entretiens de REU : Emmanuel Saint-Martin, correspondant de France 24 et fondateur de French Morning


Cette semaine, Regard sur les Etats-Unis est allé à la rencontre d’Emmanuel St-Martin, correspondant à New York de la chaine d’information internationale France 24 et fondateur du Webmagazine francophone French Morning. Il est l’auteur de « L’Irak : De la Dictature au chaos » (Milan) et co-auteur de « Ces croyants qui nous gouvernent » (Payot).
REU : Pouvez-vous nous raconter succinctement votre parcours professionnel ? Est-ce la première campagne présidentielle que vous suivez sur place ?
E. Saint-Martin : Je suis aux Etats-Unis depuis 4 ans après avoir été reporter au Point pendant 8 ans. Je suis maintenant correspondant de France 24, ainsi que fondateur d'un site destiné aux francophones des Etats-Unis : French Morning.
J'ai partiellement suivi la campagne présidentielle de 2004 (je suis arrivé au cours de l'été).
REU : Comment expliquez-vous l'engouement des médias étrangers pour cette campagne ?


E. Saint-Martin : La piètre image de George Bush partout dans le monde est un facteur important: tout le monde espère et attend un changement. Les deux fortes personnalités en course dans la primaire démocrate y sont aussi pour quelque chose (notamment bien sûr le fait qu'un Noir pourrait devenir président des Etats-Unis). Bref, un peu les mêmes raisons que celles qui font que la campagne suscite aussi beaucoup d'intérêt localement.


REU : Quels ont été, selon vous, les moments les plus forts de cette campagne des primaires ? Quel est le discours de campagne que vous avez le plus apprécié ?


E. Saint-Martin : Pour ce qui est des discours, l'avantage va incontestablement à Barack Obama, de loin le meilleur orateur. Parmi ceux qui ont marqué, on peut citer : celui qu'il a fait après sa victoire dans l'Iowa (lors du premier caucus) et celui sur la question raciale pour répondre à la controverse sur son pasteur, en mars à Philadelphie.


REU : Pensez-vous que le prolongement de la campagne des primaires a eu pour effet d'affaiblir le parti démocrate, ou a permis d'occulter la campagne de John McCain ?
E. Saint-Martin : La division (notamment sur les questions raciales, comme on l'a vu tout récemment avec les propos d’Hillary CIinton) est un sérieux problème pour les démocrates dont il est difficile de mesurer les effets dès maintenant. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer les effets bénéfiques pour les démocrates de cette campagne à rallonge.
Le taux de participation à ces primaires démocrates a battu tous les records. Beaucoup plus d'électeurs ont voté côté démocrate que côté républicain (le double environ) et même si une partie des supporters d’Hillary Clinton ne se reportent pas sur Obama, celui-ci part dans la course à l'élection générale avec plus d'électeurs dans sa musette...
La machine électorale démocrate (c'est-à-dire l'organisation sur le terrain, cruciale dans les élections américaines) va aussi bénéficier de cette campagne des primaires. Il y a des permanents, des volontaires qui ont travaillé sur le terrain dans quasiment tous les Etats, avec des listes d'électeurs très complètes. Tout cela sera utile pour novembre. McCain, lui, n'a pas fait ce travail dans nombre d'Etats où il n'avait plus d'opposants quand les primaires ont eu lieu. L'argent entré dans les caisses d'Obama grâce à la campagne des primaires est un autre avantage logistique considérable.
REU : Depuis quelques semaines, les médias s'interrogent sur la reconversion des candidats en cas d'échec à l'investiture de leur parti ou à l'élection générale ; selon vous quelles fonctions pourraient occuper les prétendants actuels en cas d'échec à l'accession au pouvoir ?

E. Saint-Martin : Ils sont Sénateurs, donc ils le resteront. Si ce qui se dit sur Hillary Clinton est exact, elle visera 2012, notamment en cas d'échec d'Obama à l'élection générale.

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