Regard sur les Etats-Unis

dimanche 12 octobre 2008

Couleur de peau : avantage ou handicap pour Barack Obama ?

C’est LA question que tout le monde se pose dans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle américaine. La couleur de peau de Barack Obama peut-elle lui porter préjudice ou constitue-t-elle un avantage ? Cette problématique, particulièrement taboue, est d’une importance capitale alors que les derniers sondages indiquent que le candidat démocrate distance son adversaire républicain. Cette question peut également être posée de la manière suivante : existera-t-il un décalage conséquent entre les sondages ou enquêtes d’opinions réalisées avant le scrutin et les résultats réels de l’élection présidentielle ?
Pour répondre à cette question complexe, il convient de revenir quelques années en arrière. En 1982, Thomas J. Bradley, le maire Afro-américain de Los Angeles, décide de se présenter comme candidat à l’élection du poste de Gouverneur de son Etat : la Californie. Suite à sa bonne campagne électorale, M. Bradley est en tête des intentions de vote dans les derniers sondages et les médias locaux estiment que l’élection est déjà jouée et que le scrutin n’est qu’une simple formalité. Les journalistes croient tellement en une victoire du candidat démocrate que le quotidien The San Francisco Chronicle titre, dans la nuit du scrutin, sur la victoire probable de celui-ci : « Bradley : victoire en vue ». Pourtant, dès le lendemain, c’est la douche froide du côté des démocrates : Tom Bradley échoue de peu à être élu au poste de Gouverneur de Californie.
Depuis cet évènement, les analystes politiques américains parlent « d’effet Bradley » pour désigner le décalage souvent observé entre sondages électoraux et les résultats des élections lorsqu’un candidat « caucasien » est opposé à un candidat issu d’une minorité ethnique (hispanique, Afro-américaine,…). Ce cas de figure c’est en effet reproduit à plusieurs reprises. Sept années après l’affaire Bradley, le même scénario se reproduit pour l’élection au poste de Gouverneur de la Virginie avec le candidat Afro-américain Douglas Wilder (alors que les sondages réalisés avant les élections lui donnaient une avance confortable de plus de 9 points).
La liste des exemples d’une possibilité de manifestation de « l’effet Bradley » peut-être allongée : Harold Washington en 1983 pour l’élection à la mairie de Chicago, Jesse Jackson en 1988 lors de la primaire démocrate du Wisconsin, David Dinkins en 1989 pour l’élection à la mairie de New York.
Suite à ces nombreux précédents, les analystes politiques et médias du monde entier se demandent si cet effet ne se manifestera pas lors du scrutin du 4 novembre prochain. En effet, s’il on se réfère aux derniers sondages, Barack Obama et Joe Biden arrivent en tête des intentions de vote au niveau national et dans certains Etats-clés. Pourtant, les résultats d’une enquête publiée il y a quelques jours par l’Université de Sandford sont plutôt alarmants. Jugez plutôt : selon les travaux réalisés par ces universitaires, « l’effet Bradley » pourrait coûter à Barack Obama plus de 6 points le jour de l’élection. Plus inquiétant encore, l’étude et les sondages réalisés illustrent que 40% des personnes "blanches" interrogées appliquent un qualificatif négatif aux personnes d’origine Afro-américaine.
L’intégralité de ce sondage est disponible ici.
En jouant parfois sur la politique de la peur, la colistière de John McCain, Sarah Palin, essaie d’ailleurs de semer le trouble chez les électeurs Américains en expliquant que Barack Obama « copine avec des terroristes ». Ces attaques particulièrement virulentes permettent au camp républicain, sans directement attaquer la couleur de peau du candidat démocrate et de susciter des interrogations de la part de la frange la plus conservatrice de la population Américaine.
Pour autant, la couleur de peau de Barack Obama pourrait également constituer un véritable atout pour le candidat démocrate. Selon les dernières enquêtes d’opinion, près de 90% de la population d’origine Afro-américaine devrait voter en sa faveur ainsi qu’une très grande proportion des personnes issues de la minorité hispanique et des jeunes électeurs. Ces statistiques pourraient totalement contrecarrer les conséquences éventuelles d’un « effet Bradley ». En effet, selon certaines estimations, les jeunes et les personnes issues des minorités devraient se déplacer en masse lors du scrutin du 4 novembre prochain.
Une fois de plus, quoi qu’en disent les sondages et les enquêtes d’opinion, la réponse à cette question sera donnée lors du scrutin.
Devant l’importance que pourrait prendre cette question lors des prochaines semaines, nous avons décidé de solliciter votre avis sur cette question. Celle-ci fait l’objet de notre nouveau sondage (disponible comme d'habitude dans notre barre latérale).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j ai une tres grande inquietude sur les sondages. Est ce que les sondages sont realises sur les personnes ayant un droit de vote c est a dire citoyens americains?
Je pense que si ce n est pas le cas les sondages ne peuvent pas a mon avis expliquer significativement les scrutins du 4 novembre.

Anonyme a dit…

Pour ma part, je pense que l'effet Bradley jouera un petit peu sur le scrutin, mais qu'il ne sera pas aussi significatif que d'habitude.
Obama reste un métis, et quelqu'un qui ne revendique pas souvent une quelconque "négritude", puisqu'il se considère (à raison) autant blanc que noir.
Et même si un certain nombre d'Américains le voient toujours, de manière négative, comme un "candidat noir", beaucoup d'autres n'accordent plus beaucoup d'importance à sa couleur.
Donc, à mon avis, l'effet Bradley ne jouera pas sur 6 points, mais bien moins. (Et puis, même avec 6 points en moins, Obama gagne toujours! :-P )